"Respect Magazine"
20 Avril, 2010
Le graffiti n’a pas loupé l’ascenseur social : il a la cote. Des rues aux musées, les writers ont subrepticement arpenté le chemin de la reconnaissance.
Ironie du sort, le mouvement – zélé – est carrément entré dans le giron de la récupération marchande, du design ou de la publicité. En moins de 40 ans, le graffiti est passé du macadam libre à un médium marketing puissant.
Pratique pour les marques qui ciblent une clientèle urbaine et jeune... Pourtant l’essence de cet art demeure peu connue du grand public. Et la place de son « illégalité », sous-estimée. Car côté rue, les pouvoirs publics, SNCF en tête de liste, n’ont lâché ni le kärcher ni les procès, comme en témoignent graffeurs et patrons de presse des titres spécialisés, Graff it!, Graf Bombz ou Mix Grill.
Pour Oeno, peintre et King officiel dès 1989, du paradoxe entre rue et galerie naîtrait une nouvelle alternative artistique : « Depuis près de 2 ans à Paris, on assiste à une grosse demande d’acheteurs d’art pour des toiles réalisées par des graffeurs vandales ou d’anciens Kings. La culture graffiti s’est largement diffusée et une nouvelle génération de collectionneurs arrive sur le marché de l’art contemporain. Mieux informée, cette clientèle (en plein essor et en quête d’authenticité) recherche des toiles signées par d’anciens taggers de métro. Que le graffiti connaisse la lumière de lieux notoires et institutionnels comme la Fondation Cartier ou le Palais de Tokyo rassure les frileux. Ces mises en avant sont des garanties pour les profanes, cela nous permet de verrouiller et d'officialiser le marché. Hormis quelques dissensions, la scène vit plutôt bien cette mise en vitrine institutionnelle. Tout le monde y trouve son compte, donc personne n’a envie de cracher dans la soupe. Comme celle d'un peintre, notre production génère énormément de frais. De la location d’un atelier à l’achat de nos matériaux, produire nos toiles coûte cher. Pour fonctionner, le mouvement a besoin de construire une économie autour de mécènes, d’acheteurs, et de galeries ».
Pratique pour les marques qui ciblent une clientèle urbaine et jeune... Pourtant l’essence de cet art demeure peu connue du grand public. Et la place de son « illégalité », sous-estimée. Car côté rue, les pouvoirs publics, SNCF en tête de liste, n’ont lâché ni le kärcher ni les procès, comme en témoignent graffeurs et patrons de presse des titres spécialisés, Graff it!, Graf Bombz ou Mix Grill.
Pour Oeno, peintre et King officiel dès 1989, du paradoxe entre rue et galerie naîtrait une nouvelle alternative artistique : « Depuis près de 2 ans à Paris, on assiste à une grosse demande d’acheteurs d’art pour des toiles réalisées par des graffeurs vandales ou d’anciens Kings. La culture graffiti s’est largement diffusée et une nouvelle génération de collectionneurs arrive sur le marché de l’art contemporain. Mieux informée, cette clientèle (en plein essor et en quête d’authenticité) recherche des toiles signées par d’anciens taggers de métro. Que le graffiti connaisse la lumière de lieux notoires et institutionnels comme la Fondation Cartier ou le Palais de Tokyo rassure les frileux. Ces mises en avant sont des garanties pour les profanes, cela nous permet de verrouiller et d'officialiser le marché. Hormis quelques dissensions, la scène vit plutôt bien cette mise en vitrine institutionnelle. Tout le monde y trouve son compte, donc personne n’a envie de cracher dans la soupe. Comme celle d'un peintre, notre production génère énormément de frais. De la location d’un atelier à l’achat de nos matériaux, produire nos toiles coûte cher. Pour fonctionner, le mouvement a besoin de construire une économie autour de mécènes, d’acheteurs, et de galeries ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire